Les jolies colonies de vacances 1.3

Les 2 premières parties : Les jolies colonies de vacances 1.1     et   1.2

 

Je continue sur le récit de mon séjour de vacances  dans L’USI (unité de soins intensifs) d’un service de psychiatrie dans un hôpital de Montpellier.

Dire que je suis resté 1 mois là dedans. 1 mois emprisonné car je ne pensais qu’à être libéré. 1 mois terriblement seul car je ne voulais qu’une seule chose : revenir simplement dans ma famille. Après le drame causé dans mon appartement, mes parents ont été rapidement mis au courant et à peine une semaine (peut être plus, je ne sais plus) après mon hospitalisation mon père est descendu à Montpellier pour me rendre visite. Il y a toujours un laps de temps en début d’hospitalisation sévère où l’on ne peut voir personne de l’extérieur. Atroce. Malgré la relation toujours très distante que j’ai eu avec mon père, à sa vue, je me suis jeté dans ses bras. Je ne détaillerai pas l’étendue des sentiments que je ressentais à l’instant. Il y avait quelque chose de tragique. Imaginer ce qu’a du ressentir mon père sur le moment est impossible.

Aussitôt arrivé, aussitôt parti, les visites n’étaient pas longues. Le départ de mon père où ma mère (c’est ensuite elle qui faisait l’aller retour Paris-Montpellier une fois par semaine) ressemblait à la déchirure qui se produit lorsque la maman abandonne le premier jour son enfant de trois ans à la maternelle. Après chaque séparation, je ne pouvais que me réfugier dans ma chambre (ou attendre que le créneau chambre arrive…) me mettre à genoux devant mon lit et pleurer toute ma misère. Ensuite après les sanglots venait le moment (plusieurs fois par jour) de prière qui ressemblait à une autre scène de tragédie. Mon Dieu que dois-je faire? Pourquoi dois-je souffrir à ce point? Que me veux-tu? J’en peux plus, sauve moi! je m’arrête là. Moi qui ne vais pas à la messe et ne fais jamais de prières… Je suis sûr que le plus grand des athées, dans cette même situation, ne pourrait que s’agenouiller et s’en rendre à quelque chose de plus puissant qui pourrait lui venir en aide. Misérable condition humaine : il faut toucher le fond pour reconnaître qu’il y a quelque chose au dessus (mon point de vue). Une fois un peu soulagé, je rejoignais mes compagnons.

Il y avait plusieurs musulmans qui parlaient beaucoup de leur religion et qui citaient souvent leur prophète. Il y en a un qui m’apprenait comment se laver selon les préceptes du Coran. Tu vois où je veux en venir, la religion dans la condition que nous vivions a une place très importante et je comprends très bien comment des jeunes hommes se font convertir dans les prisons. J’avais de la chance ces « psychos-criminels » (pour rester très large) m’aimaient bien. On formait une petite bande, et j’avais droit à ma chaise auprès d’eux dans la cour. Il y avait des sourires de bienveillances entre nous, on vivait le même enfermement la même sensation d’être indésirables et d’être profondément différents. Les visages trop souvent froids de nos matons  pardon, infirmiers n’aidaient pas à éloigner ces sentiments. Bref, tout cela faisait exister une réelle solidarité entre nous. Il y avait même de l’espoir.

J’étais toujours un peu perché pendant cette hospitalisation (comment être normal dans cet endroit en même temps…). J’avais inventé un mouvement dans lequel je m’incluais et mes camarades jouaient le jeu. C’était le MEF : Marchons ensemble frère. A chaque fois qu’on se serrait la main (dès qu’on se croisait dans le service en fait, voir les articles précédents ) on échangeait alors d’un ton sérieux « Marchons ensemble frère…Oué, Marchons Ensemble…T’as oublié frère, c’est important le frère, c’est Marchons Ensemble Frère… »

Voilà, difficile à construire un article sur ce thème à partir de sentiments et ressentis si confus.

Les jolies colonies de vacances 1.1

Les jolies colonies de vacances 1.2

Dans ce même but de reconstituer des périodes particulières de ma vie de bipolaire, je te propose aussi dans ce blog le récit de ma première crise maniaque (Maniac Story)

Voici le premier épisode des publiés pour le moment : Maniac Story-ep01

A bientôt,

W.


6 responses to “Les jolies colonies de vacances 1.3

  • Thaloue.

    Quel texte intense…Moi aussi, je me suis adressée à Dieu dans ma chambre d’hôpital : qui peut nous sortir de là? Ni parents, ni conjoint, et encore moins les médecins…Il n’y a plus qu’un recours, Lui…C’est un avis très perso.

  • Aurenae

    Salut, je viens de découvrir ton blog !Je trouve ça formidable que quelqu’un s’assume et parle de son trouble sans complexes , d’autant plus que tu le fait de.manière pertinente ! j’ai 16 ans et depuis 6 mois, je suis pris de périodes de déprimes et de périodes pendant lesquelles je me sens invincible, presque tout puissant… Je me demandais si je suis cyclothymique et s’il faut que je consulte.
    Je ne sais vraiment pas à qui m’adresser …
    Au plaisir de te lire !

    • bipohypermaniac

      Bonjour,
      Oui, ce que tu me décris là y ressemble beaucoup. Tu m’as l’air déjà bien informé. Tu devrais en parler à ton médecin généraliste avant tout.
      Combien de temps dure tes périodes de déprime et tes périodes hautes? Quelles sont leurs intensités?
      Si tu ne veux pas décrire cela ici, je suis ouvert pour en discuter par mail.

      W.

      Ps: Pour quelqu’un de 16 ans, tu écris déjà très bien!

      • Aurenae

        Merci c’est gentil de repondre aussi vite !
        Mes pics de déprime et d’euphorie s’alternent dans une période d’une dizaine de jours .
        C’est noté pour le médecin .
        Encore merci !

  • rencontrebeurettes

    Super article je partage sur FB

Répondre à Aurenae Annuler la réponse.