Donnes toi les moyens d’y arriver

Déjà, tu peux écouter cette chanson des Neg’ marons à qui j’ai piqué le titre pour cet article : https://www.youtube.com/watch?v=lC99nCx42JI, parce que tout le monde aime la musique et écouter parfois une chanson avec des textes portant l’espoir vaut n’importe quel anxiolytique. Même si on ne peut pas comparer.

D’ailleurs, il ne s’agit pas de comparer différents moyens mais plutôt de te montrer la diversité d’outils possibles pour aller mieux et leur complémentarité. Je vais te lister tout les moyens que moi j’ai mis en oeuvre pour aller mieux, et aujourd’hui je vais mieux, oh beaucoup mieux. Aussi, il est très important que cet article ne te fasse pas un mauvais effet, je ne veux pas que tu te dises  » oh là tout ce qui fait, moi j’ai pas la force de faire tout ça, blablabla » non! chacun son rythme, chacun fait ce qu’il peut. Je te rappelle que pour ma part j’ai mis cinq ans après mon diagnostique pour prendre conscience vraiment de mon trouble et de me focaliser sur le soin. Cela fait deux ans, donc, que j’ai pris la décision de ne plus travailler et de faire que toutes mes activités soient centrées sur le soin, la compréhension et la guérison de ma bipolarité. Aussi j’ai conscience que j’ai pu avoir la chance de m’extraire des obligations de la vie pour me focaliser sur ma bipolarité. Bref, d’avoir une famille qui a pu subvenir à mes besoins. Donc encore une fois, chacun fait ce qui peut par rapport à sa situation et par rapport, surtout, par rapport à ce qui l’est.

Alors…

Le premier moyen mis en place, et celui-là je ne l’ai pas choisi, il est venu logiquement après ma première crise maniaque : l’hospitalisation. Aller à l’hôpital s’est avéré essentiel pour me couper du monde normal, me retirer pour soigner en urgence un état de crise. Ensuite il y a le traitement qui va avec. Je vois la camisole chimique comme le moyen thérapeutique par défaut. Je prends des médicaments parce qu’aujourd’hui en France il n’existe pas de traitement qui peuvent les remplacer. Que ce soit de la dépression ou de la manie, rien est aussi efficace qu’un rééquilibriage chimique de notre cerveau. Bien entendu, le but à long terme étant de diminuer les médocs en mettant en place des moyens alternatifs. Pour imager, je suis passé de 900 mg de Xeroquel à 50 mg aujourd’hui. Tout simplement parce que les autres moyens mis en place ont permit de me rééquilibrer, et je n’ai plus besoin autant de cette chimie exogène.

Hospitalisation, traitement et psychoéducation. Voilà le trio mis en place dès l’hôpital. La psycho éducation s’effectue en plusieurs séances avec d’autres bipolaires et un psychiatre. Le but étant d’identifier des indicateurs prévenant des crises. En gros, mieux connaître son trouble. Renseignes toi il y en a un peu partout en France et ça aide.

Le dernier moyen appartenant au corps médical est la psychothérapie. J’ai suivi une TCC (thérapie cognitivo comportementale pendant deux ans). Avec ce moyen on commence à entrer un peu plus en profondeir. Le principe est d’analyser son schéma : situation-émotion-pensées-comportement auquel on répond presque inconsciemment au quotidien. Une sorte de bouddhisme occidentale: on se met en spectateur de ce que l’on vit, on repère ses failles et on en discute avec le psy à défaut de méditer.

L’écriture a été le premier moyen alternatif mis en place. Nul besoin de te prouver le bénéfice de cette forme d’expression en voyant toutes les bonnes choses que m’apportent ce blog. J’ai commencé par écrire des poésies très abstraites en 2009. Au départ je n’avais aucun talent pour cet art. Les mots sont venus comme une nécessité. J’avais un tel besoin de m’exprimer, et je l’ai toujours, que l’encre a coulé à flot et avec le temps, je me suis forgé un style naturellement (y paraît que j’écris bien haha). J’ai toujours cette phrase d’un grand écrivain en tête  » c’est en écrivant que l’on devient écrivain ». Je suis certain que c’est en peignant que l’on devient peintre aussi. C’est en s’exprimant que l’on se vide et que l’on se sent mieux. Je suis persuadé que chacun peut trouver son moyen d’expression pour canaliser cette énergie (qu’elle soit noire mélancolique ou rouge maniaque). A toi de trouver ton art. Même sans talent, lances toi, crache ce que tu as dans la tête, dans le coeur, dans les couilles, dans les ovaires à travers un art et tu trouveras rapidement le bénéfice. L’important n’est pas le résultat, ne juge pas tes premières performances, ce qui importe et le moyen et non pas la fin. J’en profite pour mettre dans le même sac le sport. Comme l’écriture, je n’avais pas de talent particulier à la nage et pendant plus d’un an je suis allé à la piscine et c’est en nageant que j’ai appris à faire le crawl. Et dernièrement en Bretagne, j’ai eu le plaisir à nager le crawl dans la mer à côté de ceux qui nage une brasse de survie et boive la tasse à chaque vaguelette, hihi.

Le sport fait également partie de l’hygiène de vie. Je vais pas trop m’étaler ici : le sommeil, la nourriture, l’alcool avec modération ou encore mieux un sevrage temporaire, l’arrêt de toute drogue… tout cela est important.

Il y a deux ans aussi, j’ai commencé le théâtre. Une forme d’expression très complète. Cela me permet d’extérioriser mes émotions, canaliser mon énergie à travers un personnage, quelle libération! Encore mieux, le théâtre de clown. J’ai débuté en avril et en termes d’expression, c’est le meilleur moyen car il est très proche de notre émotivité, fragilité, sensibilité. Via mon clown, je peux les faire vivre. J’ai écrit un article à ce sujet Le grand Cirque Bipolaire.

Quoi d’autre? Le yoga! J’ai commencé il y a un an et ça m’aide beaucoup à assouplir mon corps, à l’ouvrir, à faire circuler l’énergie afin que l’intensité ne reste pas que dans la tête. Que ça circule dans tout le corps. Et même plus, être connecté entre ciel et terre, ainsi à commencer mon chemin spirituel!

Aujourd’hui, la méditation est la valeur ajoutée à mon arsenal thérapeutique qui m’a permis de transformer l’exaltation et l’euphorie maniaque en une joie plus calme et sereine. Il s’agit de transformer les bonheurs pathologiques de l’hypomanie en bien être sans les mauvaises conséquences et comportements inadaptés. Je ne développerai pas plus ce chapitre, c’est la cerise sur le gateau. J’ai pu faire place à la méditation seulement après avoir retrouver une stabilité. En revanche, il n’est jamais trop tôt pour se détendre, de revenir régulièrement à sa respiration, à l’écoute de son corps. Pourquoi pas lire « Le pouvoir de l’instant présent » d’Eckhart Tolle pour commencer. Ce bouquin a eu grand impact dans ma vie et et dans celle de beaucoup de mes proches.

Enfin, et je m’arrêterai là : L’échange. Ne pas rester seul avec son trouble. Partager avec des personnes aptes à écouter. Ne pas hésiter, c’est très important, NE PAS RESTER SEUL AVEC SON TROUBLE. Avec qui échanger? Hé bien un exemple, ce soir c’était la 11 e rencontre entre bipolaires et autres hypersensibles qui réunit des personnes à partir de ce blog. Une nouvelle fois encore, ça a été un très beau moment de partage en toute bienveillance. Rencontrer des personnes aux vécus similaires est salvateur. Le but de ces rencontres, faire revivre l’espoir, il n’y a pas de fatalité ; en ayant conscience de son mal être, en mettant les moyens, tout est possible!

La prochaine rencontre aura lieu en début octobre, tu peux déjà m’envoyer un mail à bipohypermaniac@gmail.com si tu as des questions ou si tu veux seulement échanger.

Et puis… il faut y croire, garder espoir, et avoir patience.

Patience et Espoir, tu vas y arriver 🙂

A bientôt,

W.


11 responses to “Donnes toi les moyens d’y arriver

  • Reynal

    Cursus similaire. Continue à enseigner ta compréhension de ton cas personnel, tu te « guéris » et permet à certains autres de le faire pour eux, en enseignant à leur tout leur cas personnel, sans systémisation.
    Merci pour toi.
    Jp

  • eM

    MERCI, pour tout cet espoir, plus sincère que toute conclusion de manuel de psy. J’ai l’expérience en cours d’un état mixte. La force de l’espoir m’apparait comme suffisante plutôt que de me laisser tenter à monter des doses de xeroquel…

  • thyfydyg

    Je vais proposer cette chanson des neg marron dans la salle d’attente de mon psychiatre !

  • Sophie

    Hello! Très intéressant ton blog que je découvre ce jour. Mon amoureux n’a jamais subi d’hospitalisations, ses phases hypomaniaques, depuis qu’il est traité, sont quasiment toalement sous contrôle. La dépression par contre… Je ne viens pas demander s’il est possible dans l’absolu de vivre avec un bipolaire. Car dans l’absolu je pense que oui. Je veux savoir si je peux vivre avec le mien, mais surtout si j’ai raison d’encore y croire. En gros, si je peux vivre avec le mien…maintenant. Au fond de nous, et même en surface, puisqu’on en a parlé ces derniers jours, nous savons qu’on est « tout juste », sur un fil entre le possible et le non possible. PErsonne ne nous dira quoi faire à notre place, mais nous ne savons pas si nous avons raison de continuer. La vraie difficulté ici, c’est que je ne pense pas être en mesure de faire grand chose pour lui, cela est entre ses mains. Il est diagnostiqué et soigné depuis seulement qq années. Il va avoir 35 ans. Il est sous traitement (qu’il prend régulièrement) et suivi par une thérapuete très efficace de ce que j’en vois. Ce qui manque encore à mon amour c’est le comportemental. Il sait ce qu’il doit / devrait / faut /faudrait faire. En phase stable, il le fait quasi totalement. Il boit peu, dort des heures à peu près régulières. Fait bcp de sport. Retrouve de l’espoir .En phase dépressive, il boit plus mais surtout fume davantage de joints, dort tout le temps.

    Ce qui a précipité la dernière dépression est la tentative de travailler à nouveau comme commercial. Profession qui me semble souvent répandue chez les personnes souffrant comme lui. Il n’aurait pas dû, mais moi je l’ignorais. Cela faisait seulement 2 mois que l’on était ensemble.

    Eviter les sources de stress fait partie des comportements à adpoter. Je le sais maintenant. Etrange mélange d’apprentissage de ce qu’il vit tout en acceptant qu’il ne veuille pas toujours parler de ça et qu’on en est qu’au début. Je suis convaincue que je peux le soutneir, en tant que personne de son entourage. Mais je ne sais pas toujours comment.

    Je reviens donc à ma question de base : je sais qu’il va pouvoir trouver un équilibre dans sa vie, j’en suis convaincue, et je suis profondément optimiste. Mais le timing sera-t-il vivable pour notre couple. Depuis hier, j’ai l’imrpession que c’est fini. Hier ça a failli. On a décidé de continuer, mais j’ai la sensation qu’il va me lacher. Il aura peut-être raison. Je me demande si je me mens en croyant que c’est possible. Les gens autour de moi commencent à me cocnseiller de laisser tomber. Et quand je dis que je l’aime, certtains répodnent que cet amour ne dure que 3 ans et que construire une vie doit se faire sur des bases solides et stables. 3la vie est déjà si compliquée » et « si ça ne va pas à la base, comment ça va évoluer »???

    Mais, s’il ne me quitte pas avant :), j’ai envie d’y croire. J’ai d’abord attendu bcp de lui, puis j’ai baissé toutes mes attentes, parce que simplement je suis tombée amoureuse de lui. Je sais que la limite c’est sans doute mon propre bien-e^tre et il est en effetsouvent malmené. Mais mon amour m’apporte aussi bcp de choses, même en phase de « petits ups et de gros downs » dans laquelle il est depuis 2 mois.

    En plus pour ajouter à la difficulté, son père les a abandonnés lui et sa soeur quand il était petit, il l’a frappé (alors qu’il avait 3 ans) et il frappait sa mère qui l’a quittée pour ça. PAr « abandonner » j’entends que le père n’a jamais fait partie de leur vie. Et aussi, Dieu sait pq je trouve ça si important, mon coeur ne voit pas les couleurs. Que le noir, le blanc et les nuances de gris et certains jaunes très vifs.

    Je sais que s’il le faut j’affronterai la rupture. Je veux le meilleur pour lui. Mais tant que je suis l, j’aimerais savoir si je me fourvoie. Il doit encore faire du chemin. Dans son choix de se respecter, dans son respect de certaines règles d’hygiène de vie dans son acceptation enfin.

    Il est très frileux à ‘lidée de rencontrer d’autres bipolaires car il me dit qu’il n’accepte pas de ne pas être « normal ». Même s’il dit savoir qu’il ne pourra jamais guérir. Il a accepté ça mais pas dans le sens d’acceptation. Dans le sens fataliste. Il parle souvent de mourir, ses raisons de vivre étant ses deux nièces et sa maman. Et moi m’a-t-il dit sans doute pour être gentil.

    L’autre jour il ù’a dit que quand sa mère partit il partait aussi. Mais bon, elle a 66 ans et va bien, donc ça peut durer.

    J’ai peur de me perdre là-dedans c’est vrai. Mais je suis bien entourée. J4ai moi-même pas mal de soucis et de douleurs à gérer, cela m’aide à le comprendre. Cela dit, est-ce que cela n’est pas un souci en plus. Lui il pense (en tout cas quand il allait mieux) que c’est une force pour mieux le comprendre. Mais hier il m’a dit que quand il allait, il pouvait convaincre n’importe qui de n’importe quoi… LE commercial.

    En gros, j’ai conscience que c’est pas gagné. Est-ce perdu d’avance. J’aime cet homme superbement beau et formidable à l’intérieur, à l’extérieur, partout.

    • bipohypermaniac

      Salut Sophie,
      Merci pour ce beau témoignage.
      C’est vrai que tu ne peux pas faire le travail d’acceptation à sa place.
      Tu peux l’aider par contre à vivre son trouble non comme quelque chose de grave, de fatal, de grosse anomalie mais plutôt comme l’accueil d’une chose en lui qu’il ne comprend pas encore assez bien et qu’il faut soigner. Drogue et alcool n’aidant pas du tout…
      Lors des périodes difficiles entre vous deux, je pense qu’il faut que tu te recentres sur l’essentiel, l’amour qui existe entre vous, et cette volonté de construire quelque chose à deux. Ensuite viennent la communication, l’espoir et surtout la patience.
      J’ai conscience d’être un peu général dans ma réponse, si tu veux aller plus loin n’hésites pas d’échanger sur le forum bipolaire-et-alors.forumactif.org ou m’envoyer un mail.
      Bon courage!
      🙂
      W.

      • Sophie

        Super grand merci pour ta réponse!!
        Aussi générale qu’elle soit, elle m’a à nouveau donné de l’espoir. La découverte de ton site et de certains textes hier aussi! C’est fou ceque ça peut faire du bien.
        Je viens de voir que mon commentaire dépassait la taille du graphisme initialement prévu 😀
        Bref, je me suis inscrite sur le forum. Cela pourra sûrement m’aider.
        Ce qui est dommagec’est que mon amoureux est flamand et même s’il parle tb français (et moi néerlandais) ça complique encore plus l’équation déjà serrée que l’on s’est offert en guise d’histoire d’amour 😀 Toutes ces sources que je trouve pourraient peut-être l’aider. Mais il faut que ce soit dans sa langue.
        Puis pour communiquer avec moi ça va, mais quand ça concerne ses angoisses, ses peurs et ses peines, c’est bcp plus compliqué.

        Pour ça aussi que ça me fait/fera du bien de parler à d’autres gens, mais qui savent de quoi il s’agit. LEs amis et la famille font déjà du bien, mais peu de gens connaissent réellement les enjeux quand ils ne connaissent pas ça dans leur entourage.

        Merci encore!

  • Anja

    slt moi aussi parfois je fais de trouble j’ai envie de manie mais je garde espoir et suis sur d’etre guérri et trouvé un remède a cette trouble comme la positivité je voulais aussi savoir comment votre trouble se manifeste-il et ca me fait un grand bien de pouvoir le dire ici moi je ne bois pas ne fume pas et ne prends pas de drogue et essaye de garder une bonne santé physique
    comme phrase qui me fait garder la tete haute est est « le probleme n’est pas le probleme elle meme mais ton attitude vis a vis au probleme » jhonny deep ^.^ j’espere toujours m’entretenir avec vous vous pour une evolution des solutions a ce probleme mais personnellement je crois que la positivité est l’une des grands remèdes

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