Maniac Story-ep02: L’exorciste

Le lendemain, je me réveillai pour le déjeuner. Les émotions de la veille m’ont apparemment assommé de sommeil.

L’après-midi, mes parents m’emmenèrent voir un docteur.Il fallait éclaircir mon comportement de la veille, tu penses bien. Plus on s’approchait du rendez-vous plus une angoisse montait. La même angoisse qu’hier. La même énergie ressentie la veille se remettait à couler dans mes veines. (A parte: rien que le fait de l’écrire, je ressens, cinq ans plus tard, encore cette mystérieuse sensation surnaturelle; merci au lithium de me protéger).

La psychiatre écouta les mots, plein d’inquiétude et de bienveillance, de mes parents, puis ce fut mon tour. Je ne me souviens plus de ce que j’ai dit. Par contre je me souviens très bien lorsque la psychiatre énonça la nécessité de prendre des médicaments… Terreur, fureur et malheur! j’éprouvais un mélange de ces émotions. Ils voulaient que je prenne des médicaments. Mais, pour moi, cela voulait dire me tuer. Tuer l’énergie débordante qui remplissait mon corps, mon esprit et mon âme. Ils voulaient tuer mon âme. Je sortis furieux avec cette force en moi. Celle qui avait la couleur du désespoir et de l’amour, hier, chez ma princesse. Aujourd’hui elle avait la couleur de la colère. j’étais tellement sur les nerfs que je me sentais invincible. Quelqu’un m’aurait tiré dessus à ce moment là, j’aurais arrêté la balle à la force de ma rage.

Oui, voila, j’étais enragé. J’étais devant l’hôpital à dix mètres de l’entrée. Je respirais à une cadence animale. En deux secondes j’allumai une cigarette. Je ne n’appartenais plus au même repère temporel, émotif, de force qui s’applique à tous les humains. J’étais dans un autre dimension. Je tenais plus en place. J’allumai une deuxième cigarette pour que la nicotine me calme et ralentisse mon rythme cardiaque. Mon cœur était déchaîné. Ainsi, en moins de trente secondes (en secondes humaines) j’avais pas moi de cinq cigarettes allumées dans ma bouche. Je pompais la nicotine tout en surveillant l’entrée du hôpital, à l’a-guet de tout tortionnaires en blouse blanche qui pourraient s’approcher de moi et m’arracher à la vie. A la vie que je ressentais si fort et vivais si intensément.

Mon père sortit le premier, mais il se garda bien de faire le moindre mouvement vers moi. C’est comme s’il savait, qu’il comprenait qu’il ne fallait pas s’approcher. Il était connecté à moi par les liens du sang. Par contre les anges du mal n’étaient pas de mon camp, de ma famille. Un de ces tortionnaires de l’âme fit l’erreur de s’avancer. Je foudroyai son esprit à distance. Il s’arrêta à mi distance entre l’entrée et moi. Je lui criai des insanités. Je lui hurlai dessus quelque chose du genre : »approchez pas sinon vous/arrache les tripes par le cul et vous /  les fais bouffer!! ». J’étais possédé. Il était paralysé par mes pouvoirs devenus démoniaques. Un démon m’habitait, mais ce n’était que pour me défendre du diable. Sur ce je m’échappai et quittai le centre ville. Totalement en transe je me dirigeai vers la Seine. Pas besoin de gps, mon esprit en ébullition m’y dirigea aisément.

A suivre,

Ce n’était que le deuxième épisode de ma première crise. Cette aventure n’est pas terminée. Accroches toi !!

Prochain épisode: Maniac Story-ep03: Parano

Episode précédent : Maniac Story-ep01 : Je t’aime à la folie

A bientôt,

W.


5 responses to “Maniac Story-ep02: L’exorciste

  • mooonalila

    Tu as un vrai talent pour raconter, et permettre aux « non bipolaires » d’imaginer ce que peut être la maladie…
    Quelle mémoire ! La mienne n’est pas aussi détaillée, à part certains souvenirs, mes phases maniaques ou dépressives ont tendance à se fondre dans un magma indistinct… (Surchauffe du cerveau ? Traitements ?). De toute façon, je suppose que c’est préférable !

    • bipohypermaniac

      Ca me fait très plaisir ce que tu me dis là. C’est nouveau pour moi d’exprimer ces épisodes. J’ai pas mal de souvenirs mais ce sont des choses difficiles à décrire ouvertement. C’est étrange que l’on soit conscient de souvenirs d’expériences vécues « inconsciemment » (où l’on est pas responsable de nos actes). En tout cas, merci mooonalila.
      W.

  • elise9

    C’est très difficile et émouvant de lire ça, j’en ai les tripes retournées, la rage au ventre et ma respiration qui s’est accélérée…
    Je reviendrai peut-être commenter à émotions reposées, là ou en lisant la suite.

  • Chris

    Salut W j’ai lu cet article le titre ayant attiré mon attention. Cela me rappelle une fameuse nuit pendant une période de « bouffée délirante » où je me suis senti sous l’emprise du Mal. J’hésite à dire directement « sous l’emprise… ». Ces choses là on hésite vraiment à les dire car on ne veut pas qu’on nous renvoie à l’hôpital. Dans le même temps je me rappelle aussi cette personne sortie d’on ne sait où et que je n’ai jamais revu par la suite qui a toqué à ma porte à temps pour m’empêcher de passer par la fenêtre. Cela a été providentiel.

    • bipohypermaniac

      Il y a quelques choses de magique là (le côté providentiel). A ces moments là nous sommes sous « l’emprise du mal » car nous sommes perdus, quelques part entre ciel et terre.
      Je pense qu’il est facile pour le mal de s’introduire chez les âmes perdues.
      W.

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